TRIO SUR CANAPÉ
FRANCK BORTELLE 15 NOVEMBRE 2023
TRIO SUR CANAPÉ
Avec la même énergie que pour « A bientôt » présenté à l’Institut français en fin de semaine dernière, la chorégraphe Johana Malédon propose cette fois un spectacle autour d’un accessoire, un canapé, qui va y jouer un personnage à part entière. Le résultat est fascinant.
Le public loméen a découvert le travail de Johana Malédon il y a quelques jours à l’Institut français grâce au spectacle « A bientôt ». L’enthousiasme qui en a découlé a fait florès car la fosse était fort bien garnie pour cette seconde représentation. Un spectacle plutôt court mais tout aussi intense. Les chorégraphies endiablées du premier spectacle ont cédé la place à quelque chose de plus posé, avec une gestuelle qui semble plus mesurée, parfois plus enfantine.
La musique, quant à elle, a quasiment déserté la scène pour un bruitage d’ambiance proche des films à suspens. Au cœur du dispositif, un canapé. Les trois artistes le découvrent, s’en approchent, le hument, le lèchent même. Les sens en éveil tout autant que les parties du corps, toutes… S’ensuivent des numéros autour de cet accessoire inattendu et dont la chorégraphe a eu l’idée lors d’une résidence dans l’ancienne capitale du Sénégal, Saint-Louis.
MULTIPLES INTERPRÉTATIONS
Ce canapé donc. Il semble posé là pour éveiller la curiosité, puis la convoitise pour mener à la découverte de ses mille et une utilisations possibles. Très animales au départ, les chorégraphies vont se faire plus voluptueuses, quasiment félines ou encore d’une sensualité assumée. Un cinéphile pourra y trouver une résonnance avec le film « La guerre du feu » de Jean-Jacques Annaud comme un précipité de condition humaine (on découvre, on apprivoise, on se bat pour s’approprier, on malmène, on jette) là où un nostalgique se replongera dans les délices innocentes de l’enfance lorsque le sofa est un inépuisable terrain de jeu et de batailles.
Mais on peut aussi tout simplement se laisser séduire, sans exégèse, à ce spectacle riche mener par trois artistes particulièrement investies. Pour le simple plaisir des yeux.
Franck BORTELLE
Chorégraphe : Johana Malédon
Danseuses-interprètes : Élise Bruyère, Sarah Mendoza et Lola Kervröedan
Lumières : Delhia Dufils et Anne Terrasse
Son : Arthur Sloth