(titre provisoire)

Création 2025

Regarderions-nous une oeuvre picturale de la même manière si on changeait sa légende ?

Des mots, encore des mots. Nous les apprenons, les pensons, les prononçons, ils s’installent et s’accumulent. D’abord en surface. Puis ils traversent nos pores, pour se dissoudre en profondeur.

(titre provisoire) est un solo en fuite d’identité.

En fuite de définition. En fuite de mot.

Cette création met en scène un corps tel qu’il est originellement constitué et un écran de sur-titrage.

Que voyez-vous ?

Dans notre société, notre condition humaine nous pousse à “mettre des mots” et “(se) définir”. Est-ce par peur de l’inconnu ou encore un comportement reflex qui nous permet de lier le monde à notre réalité ?

(titre provisoire) offre au spectateur l’opportunité d’explorer un espace entre, mobile et nuancé, dans lequel images et références communes s’inscrivent et disparaissent dans une élan subliminal.

Ma réflexion sur ce solo commence par l’envie de me défaire.

Originaire et ayant grandi en Guyane Française, je me suis installée en Ile de France il y a 10 ans.

C’est durant ces premiers instants que j’ai pris conscience de la noirceur de ma peau, essayant inconsciemment d’effacer tout ce qui pouvait accentuer cette différence : ma culture, sa langue, ses musiques, ses coutumes et comportements.

Effacer et me fondre.

Repousser certaines limites jusqu’à me distordre.

Me confondre.

Malgré tous ces efforts, cette enveloppe ne cesse de me rattraper, et continue à me définir aux yeux de l’Autre, en y assignant des fonctions et des attentes.

Cette création est une espace d’expérimentation pour me glisser entre.

Entre deux mondes, entre deux terres, entre deux sons, entre deux images.

C’est à travers la notion de métamorphose que je souhaite proposer cette réflexion, dans un processus de déconstruction et reconstruction constant. Mon mouvement se cherche avec persistance, s’assume avec densité et s’évapore en un instant.

Crédits photo : Ronan Liétar